Lorsque je gagne les remparts, un vent violent s’échappe des eaux : il est rare qu’une telle tempête agite le lac ! Alors, je me demande si mon expédition avec Zelda n’a pas provoqué d’imperceptibles secousses, dans le paysage, des changements dans le climat.
Des odeurs de vignes froissées montent à mes narines. La lune vibre basse, pendue non loin des terres, presque près de tomber…
Je me tiens maintenant, fragile, sur le chemin clair des courtines. En contrebas, un bain lacté empoisse la pelouse. Au-dessus du lac dur, presque aveuglant, mortel…
Atteindre à tout prix la tourelle : les fenêtres étroites de l’édifice me permettront d’apercevoir ce qui se trame chez Lily (à condition de me pencher dangereusement, car aucune ouverture ne donne directement sur la terrasse), de vérifier si Tessa garde vraiment l’antre. Au moins pourrai-je deviner, en observant les lieux, le moyen le plus adéquat pour venir à bout de sa résistance, lors d’une prochaine tentative…
Des brumes s’enroulent autour de mes pieds. Au moment même où mes deux paumes prennent appui sur les pierres visqueuses du mur, je crois m’évanouir de peur…